Un intru [Britany]

Ceitho croqua dans sa pomme, les yeux fixés au plafond ridiculement haut de ce qui était les cuisines du château. Qui pouvait bien construire de si grandes structures? C'était presque aussi haut que le grand chapiteau du cirque!

Il ne savait pas exactement où il était. Venant d'un village éloigné et s'étant promené dans les régions les plus perdues à Émeraude bien plus qu'un gamin de son âge aurait dû, il n'avait jamais vu un château et encore moins mis le pied dans un. C'était donc pour cela que, dans sa grande hâte de partir de la troupe de cirque à laquelle il avait été vendu, il avait suivi comme point de repère une tour qui dépassait de la colline. Une tour du même château dans lequel il était en ce moment. Au début, après que tout le château soit apparu devant lui, il fut surpris. Ensuite, une fois aux portes du château, il fut intrigué. Il ne prit pas le temps de compter le nombre de pas que mesurait le château en largeur, mais c'était bien plus long que n'importe quelle corde sur laquelle il avait marché! Puis, après que l'émerveillement se fut envolé, Ceitho se trouva confronté à un énorme problème: il n'y avait aucune entrée, seulement un gros truc de bois. Pourtant, le chemin s'arrêtait ici...?

Le jeune funambule regarda les grands murs, observant tranquillement ce qui pourrait peut-être devenir un point d'escalade: une escalade dangereuse, certes, puisqu'il n'y avait aucun filet pour le rattrapper. Mais le mur n'était pas le seul obstacle à sa curiosité de voir le château de l'intérieur: une espèce de cours d'eau semblait protéger les murailles...? Il fit la moue un instant, réalisant que ça allait être beaucoup plus compliqué qu'il ne l'avait d'abord pensé... Il commença à faire les cent pas, réfléchissant de son mieux. Il n'était pas formé pour sauter à la perche, bon sang! Il s'arrêta, entendant un énorme bruit: comme des chaînes. Il pivota, voyant avec surprise que le grand truc de bois qui était sur le mur de pierre était maintenant descendu... et continuait le chemin! Le gamin s'engagea sur le pont-levis, pour s'arrêter en plein milieu, voyant deux gardes discutant ensemble. Des adultes..., songea-t-il. Il leur jeta un regard noir, mais ils ne le virent pas: ils étaient trop occupés à parler de façon animée d'un quelconque sujet.

Ceitho avait donc longé les murs comme une ombre, jusqu'à ce qu'il soit arrivé à une fenêtre du château... ouverte! Il s'y était donc glissé et avait découvert cet étrange endroit au plafond haut, désert encore pour l'instant, avec de la nourriture un peu partout.

Et c'était donc ainsi qu'il était atterri dans les cuisines du château d'Émeraude. Il ne s'était pas gêné pour prendre un peu de pain et, en ce moment, il dévorait une pomme, son ventre criant famine. Maintenant, il n'avait qu'à éviter les adultes et tout irait bien pour lui... Tâche qui allait être ardue, sans aucun doute. Le château devait en regorger, après tout. Il savait, du moins, que la Reine était une adulte... Ceitho grogna à cette pensée, déposant son coeur de pomme sur l'îlot au centre de la cuisine. Il prit un tabouret, le déposant devant les armoires longeant le mur pour l'aider à grimper sur le comptoir. Avant d'aller explorer, il ferait mieux de manger un peu! Sûrement que ça ne dérangerait personne. Il devait certainement y avoir des friandises ou des desserts à quelque part... Il jeta un coup d'oeil dans la première armoire, sans rien trouver. Il fit de même avec le reste pour voir, dans la dernière armoire, ce qui semblait être des muffins au chocolat. Un sourire illumina son visage: quand était-ce la dernière fois qu'il avait mangé du chocolat? Il sortit l'assiette, la déposant sur le comptoir près de lui avant de sauter en bas. Il se saisit d'un et le porta à sa bouche pour y goûter, le mâchant lentement, savourant son goût.

Il entendit quelqu'un tousser. Il échappa son muffin, surpris, cherchant la source: le couloir! Paniqué, Ceitho se jeta à quatre pattes au sol, allant se cacher derrière l'îlot à l'abris de la porte. Il se plaqua une main sur la bouche pour diminué le son de sa respiration, jetant un coup d'oeil vers le muffin abandonné au sol... Pauvre muffin.

Ceitho resta bien coller contre le comptoir, fixant droit devant lui le mur du fond de la cuisine. S'il ne bougeait pas, il n'allait pas se faire prendre, non? S'il retrouvait son calme, sa respiration redeviendrait silencieuse, non? Il allait réussir à s'en sortir, c'en était sûr! Il devait seulement rester concentrer et ne pas regarder, ne pas bouger, ne pas... penser. Ohhh, et s'il s'agissait d'un de ces odieux adultes?! Il devait faire le vide, oui, c'était ça! Malheureusement, il n'aimait pas faire le vide... ou plutôt, il n'avait jamais été capable d'entrer dans un tel état d'esprit.

Quelqu'un était dans la cuisine!

Il serra les lèvres, la main toujours plaquée sur la bouche. Un profond sentiment de panique vint s'emparer de lui, encore plus lorsqu'il vit du coin de l'oeil le pauvre muffin abandonné disparaitre: l'intru dans son intrusion venait de ramasser le muffin! Il se mit lentement à quatre pattes, tentant de ne pas faire de bruit: un effort bien vain. Aussitôt qu'une voix féminine s'éleva, il sursauta, alors qu'il était à l'opposé de la source de la voix, toujours derrière ce satané comptoir. Elle voulait le manger?! Ah-- non, les enfants n'avaient pas bon goût selon elle... ça voulait donc dire qu'elle en avait déjà manger? Mais c'était qui, cette sorcière dans une maison de sucreries? Il arrêta de bouger, s'asseyant sur ses talons. Il leva ses yeux bleus vers le bord du comptoir, anxieux. Il n'avait pas prévu ça, il n'avait pas prévu ça...

Avait-il vraiment prévu quelque chose, en réalité?

Ceitho, prenant son courage à deux mains, et décidant aussi qu'il était temps de le montrer à ces adultes de malheur aussi, posa ses deux petites mains sur le bord de l'îlot, se hissant de manière à ce que ses yeux soit à peine au-dessus du niveau de la surface de travail. Il regarda de haut en bas ce qu'il pouvait voir de la jeune femme. Il ouvrit grand les yeux en voyant son regard rouge. Oh non!

- Vous en êtes sûre? fit-il, méfiant. On m'a toujours dit que ceux aux yeux rouges n'étaient pas à croire. Ils viennent après les âmes des enfants, apparemment.

Et sont encore moins fiables que les adultes, ajouta-t-il mentalement à sa phrase.

Il continua de la fixer, une sorte d'émotion indescriptible dans ses yeux. De la crainte? De la haine? Ce n'était pas évident à voir... ou même à différencier. S'il s'agissait de quoi que ce soit, c'était un joyeux mélange des deux...

La jeune femme termina de couper les légumes entamés pour les mettre dans un bol. Puis, elle en sorti des nouveaux de son panier pour les apprêter eux aussi. La jeune femme se retourna en entendant la petit voix d'enfant. Elle eu un sourire amusé.

Britany laissa son ouvrage pour s'assoir sur le comptoir, prenant le muffin dans ses mains. Position assez provocante pour un jeune enfant qui aimerait probablement ravoir son muffin!

Comme ça, les gens avec les yeux rouges étaient dangereux? Première nouvelle ! En avait-il vu d'autre auparavant?

-Comment peux-tu affirmer une chose pareille, alors que tu n'en as sûrement jamais vu d'autre? Et même si c'était le cas, jeune homme, ce n'est pas la couleur des yeux qui sert à déterminer si la personne est de confiance ou non. dit-elle avec un sourcil arqué, sans toutefois avoir de méchanceté dans la voix. Eh puis, ne croit pas tout ce qu'on te dit. La plupart des gens ne savent pas ce qu'ils disent, la preuve, je n'ai rien contre les enfants, du moins, c'est à toi de me croire ou non, comme je te dis.

La jeune femme regarda le muffin. Il sentait vraiment bon. Mais, ce n'était pas un repas pour un enfant. Surtout si celui-ci avait l'air à première vue, affamé. Britany posa ses yeux sur l'enfant qui était sorti de sa cachette. C'est là qu'elle remarqua, dans ses yeux.... cette ... lueur de haine mélangé à la peur. Comment un enfant pouvait-il avoir aussi peur de quelqu'un, ou... le détester? C'était étrange à voir... Ce petit avait vécu quelque chose de dur, Britany pouvait le dire tout de suite.... Jamais elle n'avait un regard aussi farouche.

-Dis-moi, petit. Qu'est-ce que tu fais ici? À part venir chercher à manger...?

Britany sauta du comptoir et s'approcha quelque peu du jeune garçon. Elle l'observa de la tête aux pieds. Il n,était pas en piètre état, mais... disons qu'elle n'avait jamais vu un enfant amaigrit et habillé de la sorte... Un orphelin, peut-être? Peu importe ce qu'il était, la jeune femme voulait gagner sa confiance, du moins, pour quelques heures, le temps qu'elle lui trouve des habits convenable et qu'elle le fasse manger à sa faim!

- En passant, je m'appelle Britany.

La jeune femme marqua une pause, puis enchaîna:

-Je ne connais pas ton nom, ni ce que tu fais, ni ce que tu es, mais... tu sembles avoir faim. J'aurais quelque chose à te proposer. Je te redonne ton muffin et je te laisse partir d'ici, si tu m'aides à terminer mon ragoût. Et ... puisque tu sembles avoir si faim, je pourrai te donner aussi, un bol de ragoût.

Ce jeune enfant lui faisait pensé à elle, quand elle était jeune. Du moins, Britany se rapellait très bien d'avoir la même lueur farouche dans ses yeux, à son âge...

Ceitho fixa Britany encore un instant, rougissant de honte. Elle essayait de le sermoner? Lui? Comme s'il allait l'écouter... Elle n'était pas sa mère après tout! Il n'écoutait personne! À part peut-être le maître de cirque, il n'avait pas envie d'avoir encore plus de problèmes... Et puis, c'est vrai, il n'avait entendu ces histoires que des autres enfants au cirque ambulant, alors peut-être n'étaient-elles pas fondées! Il n'avais jamais pu se le confirmer, quoiqu'il n'était pas non plus du genre à courir les rues à la recherche de gens avec des couleurs anormales... Et puis, dans un cirque, il y avait un tas d'autres anormalités beaucoup plus intéressantes à observer.

- N-non! Je veux pas dire que vous êtes dangereuse! marmonna-t-il, exaspéré avec lui-même.

Dernière chose qu'il voulait: se mettre à dos des yeux rouges! Qui sait, peut-être était-elle vraiment méchante? Elle était une adulte en plus!

- E-et...! Je suis pas un voleur! Je ne faisais qu'emprunter le muffin! C'est pas pareil! Du tout! fit-il, coupant sa phrase en plusieurs tronçons vu son énervement.

Il recula de quelques pas en la voyant sauter du comptoir, méfiant. C'était comme un réflexe. Quelqu'un qui s'approchait trop de lui? Il reculait, comme s'il avait peur que la personne l'attaque ou quelque chose comme ça. Une peur non-fondée, d'ailleurs, puisque finalement, après quelques instants d'observation, Ceitho pouvait confirmer qu'elle n'était pas une menace quelconque: la seule qu'elle pouvait peut-être bien avoir à sa disposition était une poêle à frire. Il était pour répliquer qu'il n'avait plus besoin du muffin quand son ventre cria famine, l'empêchant ainsi de le faire... et devant se résoudre à peut-être accepter son aide, malgré toutes ses réticences. Il ne savait pas trop ce que c'était que du ragoût. Mais si ça avait un lien avec l'espèce de purée que le cuisiner du cirque leur donnait une fois par jour, peut-être bien qu'il s'abstiendrait de le manger.

- ... C'est quoi du ragoût? lâcha-t-il après un silence, débattant s'il disait son nom ou non.

Son regard s'était adouci. Il était moins farouche, on aurait dit. L'attitude accueillante de Britany semblait bien avoir calmer Ceitho, puisqu'il était maintenant enclin à vouloir peut-être bien l'aider.

La jeune femme eu un sourire. C'était du Britany tout craché.

-Non non, je suis peut-être dangereuse, après tout. Tu fais bien, de te méfier, p'tit gars. lança-t-elle en mettant le muffin convoité dans une petite assiette, qu'elle déposa plus loin, sur le comptoir.

Britany arqua un sourcil, amusée. Elle braqua ses yeux rouges dans ceux du garçon.

-Et dis-moi... si tu m'empruntes un muffin.... comment me l'aurais-tu redonné? Et, pourquoi l'empruntais-tu, au juste? Pour en faire des semblables? le taquina-t-elle

La jeune femme apporta un tabouret et le plaça à côté d'elle, déterminée à lui montrer comment on faisait un ragoût. Elle lui fit signe d'approcher et elle lui donna un tablier. La jeune femme se lava les mains, l'invita à faire de même.

Dire qu'il ne savait pas ce qu'était un ragoût ! La cuisinière fronça les sourcils. D'où venait-il, surtout étant effarouché comme lui? Même si celle-ci était curieuse, la jeune femme se résolue à ne pas lui poser de questions. Elle même n'était pas très ouverte sur sa vie....

-Alors... jeune homme. Aurais-tu l'obligeance de me dire ton nom?

La jeune femme marqua une pause, vérifiant que tous les ingrédients étaient tous présent sur le comptoir, et continua à couper les légumes, jetant un oeil sur sa fournée de pains.

-Alors... un ragoût.... c'est comme une grosse soupe épaisse. Tu y mets plein de légumes et de la viande. commença-t-elle, Ce soir, j'ai du boeuf que j'ai déjà coupé, là-bas. Il y a des patates, des carottes, du céleri, du navet, des tomates, des oignons et de l'orge. Je fais bouillir de l'eau, dans la grosse marmite. J'ai déjà du bouillon de boeuf dedans. Et là, il ne me reste plus qu'à rajouter tout ça. Et normalement, un ragoût, on mange ça avec un bon pain beurre et du fromage. finit-elle avec un sourire Tu comprends?

Elle donna des carottes à Ceitho et une sorte d'éplucheur.

-Peux-tu me les peler, si te plaît?

-Oh, j'oubliais. Après souper, on a toujours droit à un bon dessert.... ajouta-t-elle, une lueur de malice dans les yeux.

La jeune femme avait bien l'intention d'avoir la confiance de ce jeune garçon, quitte à ce qu'elle puisse uniquement lui donner à manger convenablement à tous les jours.

Ceitho considéra un moment le tablier que Britany lui tendait, se mordillant l'intérieur de sa joue. Il fit la moue.

- Je prenais le muffin parce que... parce qu'ils avaient l'air bons.

Il fut partager soudainement entre l'envie de dire qu'ils étaient bons à jeter, vu l'ouverture que sa phrase amenait, mais se ravisa à la dernière seconde. Quelque chose au fond de lui lui criait de ne pas attirer la colère de la cuisinière... Il grimpa donc sur le tabouret sans trop de difficulté, vu son grand sens de l'équilibre, la regardant se laver les mains avant de l'imiter par la suite. Tandis qu'il faisait cela, une sorte de trac vint le coincer à la gorge. Quoi qu'il appelait ça du trac puisqu'il ignorait le vrai mot, mais il se sentait comme lorsque le maître du cirque lui faisait faire un des grands numéros dans la tente. Bref, tout ça pour dire que le pauvre petit chou n'avait jamais eu à cuisiner de sa vie. Il avait toujours eu des plats déjà prêts au cirque, même s'il s'agissait bien souvent de portions bien plus petites que ce n'aurait été raisonnable d'avoir...

Il sursauta presque en l'entendant lui demander son nom. Hésitant quelque peu, il ouvrit la bouche, puis décidant qu'elle n'était après tout pas dangereuse (si on oubliait le couteau avec lequel elle cuisinait), il tourna ses yeux bleus vers les rouges si terrifiants de son interlocutrice.

- ...Ceitho.

Il l'avait murmuré, à peine assez fort pour que quelqu'un puisse l'entendre. Mais il était sûr que Britany allait l'avoir entendu, même si elle était occupée à regarder ses ingrédients. Après un court instant, Britany commença à lui expliquer comment faire le ragoût. Il ne put que s'émerveiller de la façon dont glissait les mots sur la langue de la jeune femme. Comme si elle avait fait cela toute sa vie et qu'elle s'y connaissait mieux que quiconque. C'en était rassurant quelque peu. Cependant, lorsqu'elle lui mit l'éplucheur dans les mains avec les carottes, il se demanda vraiment quoi faire avec ça, justement...

- Hey, je comprends pas, finit-il par lâcher, après une brève contemplation de l'objet. Qu'est-ce que je dois faire? Je n'ai jamais cuisiné de ma vie... Britany.

Il ne comprenait pas exactement tout le charabia qu'elle venait de lui déballer là, mais Ceitho était déterminé jusqu'à un certain point à comprendre. Puis, lorsqu'elle parla de dessert, il eut de la difficulté à empêcher la bave de couler au coin de sa bouche.

- Du dessert? Comme... des petits gâteaux au chocolat? Des muffins? Ou des choux à la crème, alors? Tous... ces trucs sucrés? Est-ce qu'on va les cuisiner aussi, alors?

La jeune femme hocha la tête à la réponse du garçon. C'est vrai, qu'ils avaient l'air bon, les muffins de Myria. Ils sentaient toujours si bons. Myria, anciennement chevalier, blessée au combat, s'avérait une excellente pâtissière. Ses desserts étaient toujours un mélange extraordinaire de saveurs, parfois sucrées, ou salées.

Ceitho? Nom peu commun, et, original. Eh bien. Au moins, le petit garçon de quelques années semblait un peu plus à l'aise. La servante remarqua les yeux de celui-ci. De beaux grands yeux bleus. Certes, farouches, mais avec un toute nouvelle lueur de curiosité, à l'intérieur. Britany ne pu retenir un sourire. Jamais elle n'aurait cru être capable de tisser un certain lien de confiance, avec un enfant. Peut-être parce que... celui-ci semblait avoir vécu la même chose qu'elle, après tout.

Britany concentré à couper ses légumes, reporta son attention sur Ceitho. Il n'avait jamais cuisiné? Mais, d'où venait-il... ? Normalement, les enfants de paysans de son âge étaient capable de couper les légumes, leur mère demandant souvent l'aide de leurs enfants, dans la cuisine. Or, il ne savait pas... Était-il orphelin? Ses vêtements ne pourraient que confirmer la chose.... La jeune femme ne s'attarda pas sur ce point. Elle lui poserait des questions plus tard, pour l'instant, le faire manger convenablement était sa priorité. Ensuite... un bain et des nouveaux habits pourraient s'imposer....

-Eh bien. Je vais t'expliquer, alors, Ceitho. dit-elle en reprenant doucement l'éplucheur des mains du garçon. Ça à l'air plus compliqué qu'on ne le pense! Regarde, tu prends la carotte comme ça, tu appuies l'éplucheur dessus, et tu descends. Tu vois, ça enlève la pelure. Et tu fais tout le tour. Et après tu recommences sur une autre. Est-ce plus clair?

Britany jeta dans la marmite ses premiers légumes, avant de retourner en couper. Il semblait avoir la dent sucré, ce petit bonhomme. Britany laissa échapper un petit rire.

- Oui, un dessert, c'est tout ces petits trucs sucrés. Une pâtisserie. Ce soir, c'est... des muffins au chocolat. Je pourrai essayé de te dénicher un chou à la crème auprès de Myria, car c'est elle la spécialiste des desserts. Ce n'est pas moi qui les fait, elle me montre comment en faire des aussi bons que les siens. Si tu veux, je lui demanderai d'en faire avec toi, si ça t'intéresse. déclara la jeune femme en se dirigeant vers le fourneau pour tourner ses petits pains.

Ceitho regarda Britany exécuter les mouvements avec précision, comme si elle avait fait cela toute sa vie. Il était fasciné. Pourtant, il n'y avait rien de bien impressionnant à savoir manier un éplucheur à carotte, même que cela pouvait relever du banal. Mais dans la tête de Ceitho, rien n'était banal en ce moment. Tout était nouveau, ses sens étaient en alerte. Voir que cette adulte prenait le temps de lui expliquer comment fonctionnait l'étrange instrument le rendait curieux, jusqu'à un certain point. Mais il ne pouvait empêcher tout au fond de lui d'avoir ce sentiment de confort avec elle. Comme s'il ne pouvait pas être trop froid et détaché avec Britany.

Il regarda Britany aller mettre les premiers légumes dans la marmite tandis qu'il essayait d'imiter ce que Britany venait de lui montrer. Ceitho appuya l'éplucheur sur la carotte, les sourcils froncés, la sueur coulant presque sur son front. Il pesa un peu, sentit de la résistance en voulant le faire glisser vers le bas. Il exerça une pression un peu plus fort: l'éplucheur descendit, enlevant la pelure sur son passage. Satisfait de ce premier essai, il répéta le procédé à nouveau jusqu'à ce que la carotte soit parfaitement dépourvue de pelure. Il la donna à Britany pour qu'elle la coupe.

- Comme ça?

Il saisit une autre carotte sans attendre une réponse de Britany, répétant les mêmes opérations qu'avec la première carotte. Il eut bientôt fini d'éplucher 5 carottes! Au bout de 10 minutes, oui, mais il était déjà mieux parti qu'au départ: il savait maintenant comment manier l'éplucheur! C'était un exploit pour lui! Malheureusement, à la dernière carotte- cette sixième qu'il déclara maudite-, l'éplucheur dévia de la trajectoire imaginée par Ceitho, venant couper son pouce. Il échappa le tout, lâchant une plainte entre ses dents serrés.

Il jeta un coup d'oeil à Britany, espérant qu'elle n'ait pas remarqué. Il mit son pouce dans sa bouche, geste purement enfantin, essayant de calmer la douleur. Pourtant, il avait eu de plus grosses blessures. Il pouvait même appeler cette coupure une égratignure. Et pourtant, la coupure semblait faire plus mal... Le corps humain était étrange.

La mention des choux à la crème le fit sourire cependant. Il en avait entendu parlé, mais voilà qu'il pourrait peut-être en manger un! Et si cette Myria savait faire les choux à la crème aussi bien que ces muffins...!