L'histoire d'une autre vie.... [Tinou!]

Quelques bruissements. Le bruit du vent. La danse des feuilles. Le cri strident d’un écureuil. Une longue et belle valse sans fin. Toujours les mêmes sons familier et rassurants … Tous ces sons connus… pourtant, ceux d’un autre monde, d’une liberté désirée, d’une autre vie…

Tout ce qui nous peut nous sembler familier, même si il ne l’est pas, tout ce nous sert de liberté, même si c’est d’être emprisonnée entre quatre murs de pierres… est un échappatoire… à cette réalité brimée qu’était sa vie.

Les rayons du soleil se frayaient un chemin à travers la dense végétation, venant taquiner le visage basané de Britany .

Tôt en ce matin de la saison chaude, la jeune femme avait troqué son éternelle jupe de coton, son chemisier blanc, son corset et ses sabots de bois, pour une tenue, de liberté.

Des pantalons courts –qui arrêtent aux genoux-, pour sentir le souffle du vent sur ses jambes, pieds nus, pour sentir la terre humide, les vibrations du sol parcourir tout son être. Une vieille chemise de lin, pour laisser le froid du matin et la chaleur du soleil faire frissonner son corps sous ses variantes de températures. Et bien entendu, cheveux détachés, pour qu’ils dansent au gré de la brise et qu’ils prennent un bain de soleil.

Mais, Brirtany avait tout de même sa dague, celle qu’Aitbrynk s’était procurée pour elle, toujours attachée à sa un cordon, à sa taille. Sait-on jamais qui l’on peut rencontrer…

Ses yeux rouges mis-clos, un sourire honnête se dessinait tranquillement sur ses lèvres. Elle avait enfin réussit à sortir de l’enceinte du château. À la surveillance des gardes… Pour une fois dans sa vie, elle se sentait… bien. Elle se sentait elle-même, dans son élément. Dans un monde d’aventure, sans savoir vraiment ce qui pourrait l’attendre.

Bien entendu, elle reviendrait au château, d’ici une heure, histoire de préparer le petit déjeuner, et de peut-être goûter une des pâtisseries que Myria aurait préparés pendant la nuit…

Mais, pour le moment, la jeune femme profitait du moment, savourant chaque petite goutte de soleil sur sa peau, frissonnant de bonheur à chaque contact de la terre humide sous ses pieds.

Un moment magique…. Un vrai. Sa vie, sa vraie vie…. Enfin…

- Mais j’ai entendu un bruit, j’te jure que j’ai entendu un bruit ! répétait frénétiquement le garde en tripotant frénétiquement le manche de son épée, une lueur de scepticisme au fond du regard.

Pour la troisième fois en trois minutes, Aitbrynk soupira.

- C’est ton imagination, je te dis… Le garde fronça les sourcils, pas convaincu du tout. Il se reprit : Bon, d’accord… si ça peut te rassurer, je finis mon tour de garde d’ici dix minutes. Je vais voir, et s’il n’y a rien, j’envoie quelqu’un te dire de ne pas t’en faire avant de m’en aller, d’accord ?

L’homme plissa les yeux le temps que l’information se rende bien à son cerveau, puis, visiblement satisfait de l’alternative proposée, hocha la tête. N’attendant pas de signe supplémentaire, Aitbrynk s’éloigna dans la direction où son compagnon d’armes avait entendu des bruits de pas. Ç’avait été un bruit feutré, subtile, mais il y avait bel et bien eut quelqu’un dans le corridor quelques minutes plus tôt : seulement, ayant identifié la personne en question par ses sens magiques dès que le garde l’avait signalée, il s’était empressé de désamorcer toute tentative de poursuite.

Il savait pourtant qu’il n’y avait aucun risque : l’imbécile voulait aller jeter un coup d’œil au corridor ouest alors que les pas s’étaient plutôt dirigés vers le sud. Cependant, le jeune homme préférait éviter qu’un éclair de génie le traverse au mauvais moment. Il accosta en passant un autre garde apparemment perdu dans la contemplation du plafond pour l’informer du message à passer. Celui-ci alla transmettre en ricanant, apparemment peu surpris que « l’autre idiot ait encore une fois halluciné une fausse alerte ».

C’est ainsi qu’Aitbrynk se lança sur les pas de la fugitive, question de s’assurer que c’était bien celle qu’il pensait et pas un voleur qu’il aurait mal identifié… officiellement du moins, la véritable raison étant plutôt qu’il était curieux de savoir ce que Britany pouvait bien faire hors du château.

Une fois dans la forêt, il s’arrêta une dizaine de mètres derrière elle, se sentant presque coupable d’avoir encore une fois interrompu un moment de solitude. Il voulut repartir. En faisant craquer une branche. Question d’être subtil...

- Bon, d'accord, ça va, je m'en allais de toute façon... marmonna-t-il en levant les mains.

Tout était calme. La vie s'éveillait, tranquillement, les bruits se faisaient de plus en plus nombreux. Des gazouillis d'oiseaux, aux cris stridents d'un écureuil. La nature prenait vie.

Britany ferma les yeux, heureuse. Celle-ci allait continuer son chemin tout bonnement, lorsqu'un craquement sinistre pas très naturel vint lui titiller les oreilles. La jeune tourna tranquillement la tête. Elle n'avait pas peur, non. Elle bouillonnait. Qui venait détruire le peu de liberté qu'elle réussissait à s'offrir!? Et surtout que, si celle-ci tombait sur... disons la gouvernante, elle passerait un sale quart-d'heure. De un, parce qu'elle avait fuguée, et de deux... elle n'était pas accoutrée... dignement, telle une bonne ménagère de l'époque, telle une femme.

Non. Fausse alerte. Aitbrynk.

Aitbrynk!? Le garde du corps de la reine...? Mais qu'est-ce qu'il faisait là...

Les joues de la jeune femme s'empourprèrent légèrement, repensant aux dernières confidences qu'elle lui avait faite... à cette nuit orageuse....

- Tu me suivais... ? Ou on t'a demander de venir me chercher? demanda celle-ci, un sourcil arqué, l'amertume dans la voix.

Elle planta ses yeux rouges dans les siens, se jurant de soutenir son regard, de ne pas craquer comme la dernière fois. Même si Aitbrynk était un des premières personnes à lui parler, comme un ami, Britany avait toujours cette part de méfiance qui l'empêchait de créer un lien... Par peur d'être encore brimée, autant être seule, sans limites que d'être avec plein de gens, surveillée de toutes parts....

S’il avait pu, Aitbrynk se serait enfoncé sous terre, très très très creux, là où personne ne pourrait plus lui envoyer de regards méchants souhaitant implicitement sa mort… mais puisqu’il ne pouvait pas, il se contenta de soutenir, gêné, le regard de la jeune femme. Qu’est-ce qu’il lui avait pris de la suivre, de toute façon ? Il avait le don de faire irruption à chaque fois qu’elle semblait vouloir se retrouver seule.

Il était quand même assez doué pour déceler les signes que sa présence n’était pas requise et encore moins voulue et, selon lui, l’amertume et les sourcils arqués ne pouvaient pas être très positifs…

Il eût un sourire désolé et se racla la gorge.

- Euh… Les deux, en fait… avoua-t-il en se passant une main dans les cheveux.

Le jeune homme resta un moment à se demander si c’était le moment de partir en coup de vent. Il finit cependant par se dire qu’après une affirmation telle que « ouais, je te suivais, mais en même temps c’est qu’on me l’a demandé… », il lui devait quand même quelques explications.

- Un idiot t’a entendue quand tu es sortie et il a voulu trouver d’où venait le bruit. Il ne t’aurait probablement jamais trouvée, mais… Il marqua une pause et haussa les épaules. Je me suis proposé pour aller voir, question de vérifier si c'était bien toi et que je ne laissais pas passer n'importe quel badaud.

Aitbrynk afficha un air désolé de nouveau, puis détourna le regard pour observer la nature alentour. Il était vrai que c'était joli ici, surtout à cette heure du matin, avec le soleil levant qui fltrait à travers les feuilles... et remarqua au passage la dague sagement attachée à la taille de la jeune femme... mais ce n'était pas le temps de penser à ça.

- Et voilà. Désolé de t'avoir interrompue... je te laisse tranquille, maintenant.

La jeune femme soupira. Il la suivait et en plus, il revenait la chercher. Bon, d'accord, ça ne faisait pas son bonheur, mais... au moins, c'était Aitbrynk. C'est-à-dire, aucune conséquence, puisque dans un certain sens, il était de son côté. La servante le dévisagea. Il semblait... gêné ?

Quoi, quelqu'un l'avait entendu? Raté !

-Moi qui avait crue être subtile .... marmmona-t-elle

La jeune femme baissa les yeux. Un peu honteuse. Elle l'avait déplacé pour rien. Malgré que ça n'avait pas du le «travailler» tant que ça, il avait quelques pouvoirs, après tout...

La jeune femme releva brusquement la tête. Bien sûr, il avait des pouvoirs... alors pourquoi l'avoir suivit si....

- Ne pouvais-tu pas savoir que c'était moi? Tu ressens la présence des gens, normalement, non? dit-elle sur un ton beaucoup plus méfiant et haineux qu'elle ne l'aurait voulu

Britany recula instinctivement de quelques pas, dans un pur réflexe de protection passé. Pourquoi l'avait-il suivit? Pour... quelle raison? Mais, la jeune femme réalisa vite qu'elle s'emportait, la lueur farouche dans ses yeux rouges disparue quelque peu. Aitbrynk semblait sincèrement désolé. Pour une première fois dans sa vie, la jeune femme laisse le bénéfice du doute à quelqu'un.

-Laisse tomber. Maintenant que tu es là, je suppose qu'il faut que je te suivre... tu me ramènes, c'est ça? murmura la jeune femme en s'approchant du chevalier

Comme ça, à la lumière, Britany remarqua des détails à lesquels elle n'avait pas porté attention, ou qu'elle n'avait tout simplement pas remarqué.

Aitbrynk la dépassait facilement d'une tête. Il semblait quand même assez musclé et en forme. Normal pour un garde du corps, pensa-t-elle. Des cheveux blond tout entremêlés, comme du foin. Une légère barbe. (bah... disons ) Et deux grands yeux bleu, non azur. Perçants. Traversants l'âme, sondants l'univers...

Le ton hargneux que la jeune femme venait de prendre le surpris un peu : il était grillé ! Aitbrynk avait beau devoir avouer qu’il était coupable sur ce coup, mais se sachant capable de mélanger la présence d’une moufette et d’un chien, il valait quand même mieux de vérifier… Il s’imaginait bien expliquer son incompétence à la Reine : « Oh, bien sûr, c’était un brigand, mais j’ai été pris par surprise, et puis ça ne m’empêche pas d’être votre garde du corps, puisqu’après tout, j’ai tellement un bon sens du jugement ! »

S’étant à peu près convaincu -comme quoi on est plus convaincant quand on est soi-même convaincu- du bien-fondé de sa démarche, Aitbrynk put maintenant se permettre d'affronter son regard incandescent et de formuler mentalement une réponse. Il ne s’en voulait pas moins de s’être autant rapproché et d’avoir gâché un énième moment de solitude.

- C’est que j’ai de la difficulté à discerner les auras des gens qui ne sont pas dans l’Ordre… expliqua-t-il avec un demi-sourire sans joie. Sinon je ne t’aurais pas confondue avec un voleur sur les remparts. Pardon si je t’ai offensée.

Le jeune homme haussa les sourcils en la voyant s’approcher docilement de lui, lui proposant même… qu’il la ramène… ? Bien que content qu’elle ne semblait pas tant lui en vouloir, il secoua la tête.

- Oh, non, pas besoin. Tu ne fais rien de criminel, et il n’y a aucune règle –du moins, pas de règle officielle- qui t’empêche de te promener à ta guise, fit-il en agitant une main pour signaler que ce n’était pas grave. De plus, comme tu ne sembles pas trop en détresse… je crois que je vais plutôt te laisser vaquer à tes occupations.

Remarquant qu’elle l’observait, lui-même prit connaissance de l’accoutrement de Britany. Les pieds nus en plein bois lui rappelèrent ses plus vieux souvenirs, alors qu’il habitait encore une terre agricole bien loin du château d’Émeraude. Il eut un bref sourire… Mais il voulait la laisser tranquille et n’osa pas s’éterniser.

- Au revoir, en tout cas... et jolie dague, en passant, ne put cependant pas s’empêcher de faire remarquer Aitbrynk avant de tourner les talons.

La jeune femme haussa les épaules. Il ne l'avait pas offensée. C'était plus... décevant qu'autre chose. Il fallait voir la vérité en face: en fin de compte, elle serait toujours surveillée. Qu'elle soit proche ou loin, il y aurait toujours quelqu'un pour vérifier où elle pourrait se trouver, ce qu'elle y ferait et pourquoi elle y serait.

-Ce n'est peut-être pas une règle écrite.... Mais, à chaque fois que je pense être seule, devine sur qui je tombe. murmura-t-elle résignée.

Elle s'arrêta net. La dague. C'était quand même Aitbrynk qui lui avait aider à l'avoir. Assez étrange, non? Ça n'avait pas que de mauvais côtés, côtoyer un garde du corps!

-Je... Merci. se contenta-t-elle de répondre Certains ont du goût....


La jeune femme se mit à marcher vers la forteresse. Le temps avançait et elle devait retourner au château, pour se remettre à l'ouvrage. La promenade aurait été de courte durée....

-Je t'accompagne, à moins que tu ne veuilles pas de moi. lança-t-elle, je dois retourner au château préparer le déjeuner. et... me changer avant que la gouvernante me voit.... rajouta-t-elle plus pour elle-même

Britany jeta un regard en coin au chevalier. Pour s'acharnait-il à essayer de l'approcher? Ne voyait-il pas que ses efforts étaient vains? Qu'est-ce qu'il lui trouvait, après tout? Avait-il un plan pour la manipuler... ou?

(Sorry, j'sais pas quoi te répondre!)

Aitbrynk, trouvant sa remarque on ne peut plus juste, lança un petit sourire en coin par-dessus son épaule. Un peu plus et on lui installait un détecteur de Britany dans le cerveau pour la surveiller vingt-quatre heures sur vingt-quatre… quoiqu’il ne pouvait pas y faire grand-chose si elle choisissait tout le temps ses heures de garde pour partir en promenade.

- C’est à ta guise, commenta-t-il.

Il l’observa marcher à ses côtés du coin de l’œil. On avait beau dire ce qu’on voulait sur les domestiques, sa démarche ne dégageait pas moins une fierté qui le fit sourire. Il fallait dire aussi que ces vêtements plus… libres n’étaient pas sans lui conférer un certain charme… pas qu’elle n’en avait pas dans son uniforme habituel, mais là, ça faisait différent, et…

Le jeune homme détourna le regard vers ses pieds, gêné de laisser errer ses pensées ainsi, puis fronça les sourcils, intrigué. Il leva les yeux vers la route…

- Elle impose un code vesti-

Il figea net. Devant eux se tenait, venant de faire irruption dans le chemin, le garde qu’il avait tenté de rassurer plus tôt. L’homme reluquait la drôle de pair de ses petits yeux porcins, un sourire malsain sur le visage. Il croisa ses bras sur sa poitrine avec un ricanement hautain.

- T'es grillé, là, hein ? Monsieur le garde du corps parfait, mon œil… J’le savais bien que j’avais entendu du bruit. Attends un peu que j’en fasse part au capitaine !

Le regard d’Aitbrynk se durcit.

- Ça ne te regarde pas. Les habitants du château peuvent aller et venir comme ils veulent.

Le garde laissa errer son regard sur la jeune femme, son rictus se changeant en une grimace méprisante alors qu'il la reconnaissait. Il n'avait jamais aimé ces dénomés chevaliers et leur tendance à traiter les anomalités comme des banalités... quoique, venant de la part d'erreurs de la nature...

- En tout cas, avoir su avec qui tu traînais, je me serais lavé les mains après mes tours de garde avec toi...

(Oh... ! Tu sors des méchants coups toi-là.... Ça va chauffer !)

Britany marchait en silence, totalement perdue dans ses pensées. Après avoir fait la liste de tout ce qu'elle accomplirait aujourd'hui, son esprit vagua jusqu'à Aitbrynk.

Garde du corps personnel de la reine. La jeune femme -même si une part d'elle le détestait à lui jeter des poêles par la tête- ne pouvait se résoudre à le trouver... patient, et gentil. Oui, gentil. Une des premières personnes, à ne pas rire de ses yeux, à même leur porter une attention particulière. À lui donner des conseils, à la réconforter... et jusqu'à réussir à la prendre dans ses bras, l'écoutant pleurer, sans jugement... et surtout, avec respect. Et pour ça, Britany ne pouvait que le remercier. C'était tellement bien, de se sentir respecté, pour la personne que l'on est.

La servante vint à la conclusion logique que, Aitbrynk ne lui voulait aucun mal, et qu'il n'avait rien prévu des plans diaboliques que son esprit échafaudait depuis quelques minutes.

La jeune femme allait approuver les dires du jeune homme, pour le code vestimentaire, lorsqu'elle stoppa net, elle aussi. Qu'est-ce qu'il faisait là.... ?

Britany dévisagea le garde de ses yeux rouges, fronçant les sourcils à son tour. C'était donc lui qui l'avait entendu. Décidément, elle n'était pas subtile. Elle se donna comme devoir de revoir ses techniques pour s,enfuir sans être aperçue....

La jeune femme sentait un feu de rage en elle. Encore un autre, qui la surveillait. Et qui la reluquait drôlement....

-Ne voyez-vous pas que nous retour....

Mais, pourquoi diable les avait-il suivit? Elle eu bien vite sa réponse...

C'était donc ça. C'était donc pour ça. Pour ...

Non. C'était impossible.

Mais, tout le casse-tête se mettait en place. Aitbrynk la suivait à la trace, pour savoir quand elle serait «vulnérable», et hop, avec un copain. C'était donc POUR ÇA qu'il l'avait suivit, ce matin. Elle n'en revenait pas.

Ses yeux rouges s'écarquillèrent. Son monde... non, la seule vraie amitié qu'elle avait eu, disparaisait. Après toutes ces confidences... ces larmes.... cette confiance.... ces sentiments...

Britany était un objet. Tout simplement un objet qui avait été manipulé avec soin pour accomplir, au final, des désirs masculins refoulés...?

La jeune femme bouillonnait, tiraillée par des tonnes de sentiments différents. Elle se sentait trahi. Découverte. Sans plus aucune défense. Seule, vraiment... seule. Déçue, fâchée... triste. Mais trahi...

La servante lança un regard rempli de reproches à Aitbrynk. Rempli de reproches, certes, mais surtout... désemparé, désespéré... et autant effarouché et méfiant qu'autrefois, sinon plus.

Terminé. Confiance. Détruite. Amitié. Détruite. Avenir. Inexistant. Amour... perdu.

Elle espérait presque qu'ils la tuent, histoire qu'elle n'ait pas honte pour le restant de ses jours.

-J'aurais dû me méfier.... cracha-t-elle hargneusement au visage du chevalier, c'était beaucoup trop merveilleux pour être vrai!

Britany ferma les yeux , voulant empêcher ses larmes de couler. C'en était trop.

La servante voulu s'enfuir loin, mais, l'autre garde l'attrapa au vol. Britany commença à se débattre mais... abandonna.

Pourquoi donc se battre, pour qui se battre, quand votre vie vole déjà en éclats? Qu'est-ce que ça changeait dans sa vie, qu'ils fassent ce qu'ils voulaient. Elle resterait sali et honteuse pour le restant de ses jours...

Ça ne pouvait pas être pire....

Une larme, puis une autre, puis une autre, coulèrent sur ses joues, silencieusement. Finir comme ça? Britany serra les dents...

-Pourquoi... murmura-t-elle.

Elle assaina un violent coup de coude dans les côtes de son agresseur, pensant pouvoir s'enfuir, mais, celui-ci contre attaqua en la plaquant sur le sol. Super, de mieux en mieux....

-Aitbrynk.... si... il devait te rester un minimum de respect....

La jeune femme ne termina pas sa phrase, écrasée par le poids du garde. Britany continuait de se débattre, en vain... il était vraiment trop lourd.

Une lueur d'incompréhension traversa un moment le regard du jeune homme alors que Britany lui crachait aux visages des mots dont le sens, ne parvenant pas à se frayer complètement un chemin jusqu'à son cerveau, ne le frappa que plus tard... Tout ce qu'il vit, dans l'immédiat, c'était Britany qui s'enfuyait, le garde qui y prenait son pied en l'injuriant, et du rouge. Partout.

- Ouuuh... c'est que ça a l'air sérieux, en plus... faudrait pas que trop de gens en entendent parler, hein ?

Et tout ce qu'il savait, c'était que quoi qu'il vienne de se passer, c'était de la faute de ce minable.

Même s'il avait été conscient que certains soldats voyaient l'attention accordée aux Chevaliers d'un mauvais oeil, il n'aurait jamais cru qu'un d'eux soit assez mal intentionné pour en arriver là. Ses poings lui démangeait comme jamais, mais il ne pouvait pas se le permettre, il y avait si longtemps qu'il n'avait pas perdu contrôle de ses émotions...

Il prit une grande respiration. Une seule.

- Riordan.

En entendant son nom, le garde cessa de sourire. Il ouvrit la bouche, comme pour dire quelque chose, mais n'eût même pas le temps de formuler une phrase dans sa tête.

- Lâche-la.

Ce fut dit sur un ton si brusque, si hargneux qu'une pointe de crainte brilla dans le regard de l'homme. Ses mains délaissèrent lentement leur proie... Aitbrynk baissa les yeux pour regarder la jeune femme, le regard glacial. Il eût un pincement au coeur. Écroulée ainsi, le regard mi-hagard, mi-haineux, elle avait l'air plus anéantie que jamais. Il n'en avait pas après elle, mais ne se sentait pas l'énergie de gérer deux émotions si contraire en ce moment.

- On t'attend, je crois, se contenta-t-il de faire remarquer.

Il regarda de nouveau le dénommé Riordan. Le regard de celui-ci bifurqua vers la jeune femme qu'il venait de lâcher. Mais il n'oserait pas, il n'oserait plus. Une vague de haine envahit Aitbrynk.

- Je serais en effet très intéressé de savoir ce que le capitaine a à dire de cette situation.
- Attend... Aitbrynk... mais... faut pas le prendre personnel...
- À moins que tu ne préfères que je justifie moi-même moi poste de garde du corps...

Le regard que le jeune homme lui lançait n'attendait pas à répliquer. Ils s'en allèrent, non sans qu'Aitbrynk ne jette un dernier regard à celle qui, dans cette histoire, était la plus victime...

(Oh seigneur.... Merci J'me sens comme M.Burns : Excelleeeeent. )


Britany arrêta de respirer. Le garde la lâchait, à présent. Elle n'avait pas eu peur. Elle s'était tout simplement senti trahi.

Mais, maintenant, oui. Elle avait un peu peur.

Le ton qu'Aitbrynk avait employé était si... dur. Son regard posé sur elle.... si froid et sans émotions. La jeune femme se sentait minuscule, tout d'un coup. Qui était ce ... Aitbrynk? Elle ne le savait pas, et elle n'était pas certaine de vouloir le connaître. Britany jeta un regard incertain au garde, voir si il ne l'attaquerait pas encore.

La servante leva ses yeux rouges vers le chevalier.

«On t'attend, je crois» résonna à ses oreilles.

La jeune femme ne savait plus quoi penser. C'était quoi cette réplique sans la moindre émotion possible? Sans... même de remords ? Britany était figée, complètement abasourdi. Son esprit avait cru, non avait un petit espoir que, peut-être, le beau chevalier blond vienne à son secours, comme un prince pour sa princesse. Ça avait été le cas, mais... d'une tout autre manière. La jeune femme dévisagea le garde du corps. Britany rampa en reculant, puis se leva et déguerpit, sans demander son reste. Elle trébucha à une ou deux reprises dans la terre, mais elle ne prit même pas le temps de s'arrêter. Elle prit un des détours qu'elle connaissait et elle couru. Jusqu'à en perdre l'haleine. Essayant de fuir, d'oublier tout ça.... de se concentrer sur sa journée de domestique, au château.

La jeune femme se changea en vitesse, nettoya les petites écorchures et se dirigea vers la cuisine, le plus vite qu'elle le pu.

Non. Le déjeuner avait déjà été préparé!? Pas possible, elle était juste, mais à l'heure...

-Britany ! cria la gouvernante derrière elle.

La jeune fille aux yeux rouges sentit son sang se glacer dans ses veines en se retournant lentement. Elle ouvrit la bouche, mais elle n'eut pas le temps de dire un mot que la gouvernante continuait:

-Qu'est-ce que tu fais ici? C'est ton jour de congé !

Voyant que Britany ne semblait pas saisir le sens de ses paroles, la gouvernante continua, histoire de rafraîchir la cervelle de cette tête de linotte.

-Le congé que M. Aitrbynk à réussi à te faire accorder, une fois par mois. Ne me dis pas que tu ne t'en rappelle plus! Allez, déguerpit, et ne me regarde pas comme ça, je ne veux pas avoir de problèmes!

La jeune femme sentit sa respiration accélérer. NON. NON. N.O.N.

Elle ne le savait pas, que c'était grâce à ce fameux garde du corps si elle avait eu droit à un congé.... Comment, quand.... et pourquoi?

Britany reparti, aveuglé par ses sentiments aussi incongrus les uns que les autres.

La jeune femme alla se terrer dans la tour la plus endommagée du château, là où le temps pourrait la garder éveillée et là où personne ne la trouverait... enfin, elle l'espérait, du moins pour le garde....

Pour ce qui en était d'Aitbrynk....

Sa journée s'était assombri et le ciel aussi . Il pleuvait. Et c'était tant mieux.

À une des tours, ou on continue ici?

Un silence de mort, où hargne et tension étaient palpables, régnait dans la salle. Le capitaine de la garde, visiblement dépassé, grogna avec humeur avant de presser ses paumes contre ses paupières. Après un moment qui parut durer une éternité, le capitaine releva les yeux pour regarder les deux soldats devant lui. Il ouvrit la bouche pour dire quelque chose, se ravisa, puis fixa obstinément le plus trapu, un dénommé Riordan.

- Tu veux bien me réexpliquer pourquoi tu as jugé utile de t’attaquer à une domestique ?

L’interrogé baisse le regard avec une moue maussade.

- Cette sale peste essayait de s’enfuir, et si elle s’enfuyait, moi j’avais plus de preuve pour dire que l’autre taré laisse passer des gens pendant ses tours de garde…
- Parce que laisser les habitants du château aller prendre l’air est une action tellement répréhensible.

Cette fois, c’était le deuxième soldat, un certain Aitbrynk, qui avait pris la parole dans un sifflement hargneux. Le courtaud, le regard assassin, l’agrippa au collet.

- FERME- LA, SALE DÉRANGÉ ! J’le savais que tu pouvais pas être normal, à avoir fait partie des Chevaliers… T’as beau dire c’que tu veux, j’aimerais bien ça, moi, voir la face des autres quand ils vont entendre ce que j’ai à dire sur tes fréquen-

Un solide coup de poing au visage vint ponctuer sa phrase, l’envoyant du coup valser au plancher. Aitbrynk laissa échapper un soupir d'aise.

- Depuis le temps que je me retenais… (À suivre à la tour)